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12 avril 2014

RWANDA :Un génocide oublié.

Rwanda

Par Pr Chems Eddine CHITOUR - Samedi 12 Avril 2014 -

Le premier massacre important des Tutsis au Rwanda a lieu en décembre 1963

«Dans ces pays-là, un génocide, ce n'est pas trop important» Mitterrand l'a dit en présence du journaliste, Patrick de Saint-Exupéry

Patrick de Saint-Exupéry, journaliste au Figaro, a assisté en spectateur privilégié à cette folie meurtrière. Il a vu les charniers, parlé avec des Tutsis en fuite et des Hutus en chasse. Il a côtoyé l'armée française lorsque François Mitterrand décida finalement de la déployer pour des «buts humanitaires». Il est rentré en France, hanté par ce qu'il avait pu voir, mais décidé à comprendre pourquoi la France a soutenu jusqu'au bout le régime génocidaire. Il publie le fruit de ses réflexions «L'Inavouable. La France au Rwanda».
Cette semaine justement à propos du Rwanda, les médias occidentaux dans la plus pure hypocrisie se souviennent qu'il y a vingt ans, la vie a été ôtée au vu et au su de tout le monde à 800.000 Tutsi sur une période de 100 jours avec une cadence macabre de 8000 morts par jour soit encore 330 morts par heure ou encore 6 morts par seconde. Pour arriver à ce chiffre inégalé même pendant les fours crématoires nazis pour éliminer les tziganes, les russes et les juifs, il a fallu une intendance et une planification diabolique pour que la machine tourne sans accroc devant l'indifférence générale. Comment l'ONU et les biens-pensants les Occidentaux, les gardiens de la morale ont été indifférents à cette tragédie?
Les historiens estiment que le génocide a pu être commis avec une telle rapidité parce que dans les années précédentes s'étaient mis en place à la fois un conditionnement des esprits et un encadrement serré du pays. Il y avait un projet génocidaire datant de plusieurs années, et finalement exécuté par les extrémistes hutu de l'entourage du président Habyarimana. Que faisait la «Communauté internationale» je veux dire les principaux pays occidentaux qui se proclament ainsi? Il y eut un petit génocide, une sorte d'entraînement macabre avant le grand,avec l'indifférence des uns et la complicité tacite des autres.

Les racines de la haine
Tout commence avec la colonisation et le mythe européen des races supérieures exporté en Afrique pour attiser les haines et régner. Nous lisons dans l'Encyclopédie Wikipédia: «Au début du XXe siècle, les colonisateurs allemands, dans le sillage des préoccupations ethnologiques de l'époque, croient percevoir une supériorité génétique des Tutsis sur des bases raciales et morphologiques. Selon eux, les Tutsis se distingueraient par leur intelligence et la finesse de leurs traits, contrairement aux Hutus qu'ils considèrent comme inférieurs. Les Belges, qui héritèrent de cette colonie assumèrent la situation qu'ils trouvèrent en s'installant et s'en remirent aux Tutsis pour assumer l'autorité sous la tutelle de l'administration coloniale, même dans le nord-ouest du Rwanda où régnait une monarchie dominée par des agriculteurs hutus, plus ou moins soumise à la dynastie royale d'éleveurs tutsis du reste du Rwanda. (1)
Les Tutsis ont donc seuls accès aux études et à la gouvernance, tandis que les Hutus et la petite composante des artisans twas sont cantonnés à des activités subalternes. Il convient de noter que les missionnaires catholiques et protestants ouvrirent progressivement des écoles pour tous les enfants africains, comme ils l'avaient fait au Congo belge. (...) En 1931, une carte d'identité ethnique est mise en place par l'administration belge, indiquant le groupe auquel appartient le citoyen: tutsi, hutu ou twa. La carte d'identité ethnique et la prétendue origine extérieure des Tutsis jouent un rôle essentiel à partir de 1959 pour discriminer les Tutsis et justifier leur élimination du pays.» (1)
Pour des raisons d'intérêt colonial les Belges changent de partenaires nous dit Wikipédia: «Au moment de l'indépendance, un renversement d'alliance, notamment sous l'impulsion de la Démocratie chrétienne belge, s'opère entre les colonisateurs et les Hutus contre les Tutsis, les colonisateurs jugeant plus facile de s'appuyer sur la majorité hutue pour ses propres intérêts. Ce contexte explique l'animosité entre Hutus et Tutsis. L'exil d'une partie des Tutsis vers les pays limitrophes en plusieurs vagues à partir de 1959 et leur désir de retour seront la source de la guerre civile qui éclatera en octobre 1990. Le Manifeste des Bahutu rédigé en 1957 par Grégoire Kayibanda, secrétaire particulier de Monseigneur Perraudin, est considéré par certaines associations comme le texte fondateur de la politique ethniste qui marquera les premières décennies du Rwanda indépendant.» (1)

Le déroulement du génocide
Il y eut de ce fait plusieurs massacres avant le génocide sous l'oeil indifférent de la communauté internationale. Le premier massacre important des Tutsis au Rwanda a lieu en décembre 1963. Entre 8000 et 12.000 hommes, femmes et enfants sont massacrés. Radio Vatican parle à ce moment-là du plus «terrible génocide jamais perpétré depuis celui des juifs». En 1972 au Burundi voisin, un très important massacre de masse des Hutus burundais par l'armée burundaise à majorité tutsie fait, selon les Hutus, environ 200.000 morts.» (1)
Nous lisons ce qu'écrit l'Encyclopédie Wikipédia à ce sujet: «Le génocide des Tutsis est un génocide qui eut lieu du 7 avril 1994 à juillet 1994 au Rwanda, un pays d'Afrique de l'Est. Il fut commis dans le cadre d'une guerre civile opposant le gouvernement rwandais, constitué de Hutus au Front patriotique rwandais (FPR), accusé par les autorités d'être «tutsi».(1)
«Le 1er octobre 1990, des Rwandais exilés et regroupés au sein du FPR décidèrent de revenir au pays à partir de l'Ouganda, et de prendre le pouvoir par les armes. En réponse, les autorités rwandaises menèrent une double stratégie: se défendre avec l'armée contre l'agression militaire du FPR et «liquider» tous les Tutsi de l'intérieur du Rwanda. Les autorités rwandaises perdirent la guerre civile au profit du FPR mais atteignirent en revanche leur objectif génocidaire contre les Tutsis.
L'ONU estime qu'environ 800.000 Rwandais en majorité tutsi, ont perdu la vie durant ces trois mois. Ceux qui parmi les Hutus se sont montrés solidaires des Tutsis ont été tués comme traîtres à la cause hutu. D'une durée de cent jours, ce fut le génocide le plus rapide de l'histoire et celui de plus grande ampleur quant au nombre de morts par jour.

Comment s'est déroulé le génocide?
Olivier Cabanel nous parle de la présence des militaires français sous couvert d'humanitaire: «A l'époque les colons s'étaient donc appuyés sur les Tutsis pour assumer l'administration du pays, mais lorsque la volonté d'indépendance du peuple rwandais se fit pressante, les colons changèrent leur fusil d'épaule, faisant porter leur préférence sur les Hutus, provoquant des émeutes, des exactions, et l'exil de milliers de Tutsis. Il y a une certitude, les militaires français présents sur le sol rwandais n'étaient pas seulement là pour des «raisons humanitaires» et s'il faut en croire la note de l'amiral Lanxade à François Mitterrand leur mission était de «renforcer notre coopération et de durcir le dispositif rwandais». On peut aussi lire dans le journal «l'instant», sous la plume de Jean-Pierre De Staercke: «les FAR accompagnés de civils hutus se seraient livrées à leurs carnages sans faire de sélection (...) des militaires sont venus prêter main forte à des groupes de civils hutus qui avaient ouvert la chasse au Bagogwe et plus généralement à la population tutsi de la région (...) les victimes auraient été achevées par des femmes et des enfants de militaires.»
«Tout a commencé, écrit Olivier Cabanel, le 6 avril 1994, jour ou l'avion gouvernemental de Juvenal Habyarimana, l'ancien président du pays a été abattu par un tir de roquette Or cette roquette était une arme française, un missile Mistral, et sa présence sur le sol Rwandais était donc tout à fait illégale. Plus tard, ce fut le journal Libération qui, le 10 janvier 2013, donna une information qui jeta un certain trouble: 2 gendarmes français et l'épouse de l'un d'eux furent tués à Kigali dans des circonstances non élucidées; (...) Ces gendarmes étaient chargés de la mission de coopération française avec celle de l'armée rwandaise.
Dans son ordonnance, le juge Jean-Louis Bruguière accuse Paul Kagamé et son entourage «d'avoir planifié au risque du génocide à seule fin de s'emparer du pouvoir avec le soutien de l'opinion internationale». Pourtant, les faits sont têtus, et s'il faut en croire plusieurs témoins il semble bien que la France ait une part importante de responsabilité dans ce qu'il est convenu d'appeler un génocide, puisque 800.000 Tutsis y ont laissé leur vie.
Quelques témoignages sont éclairants: «Nous livrons des munitions aux FAR en passant par Goma, mais bien sûr nous le démentirons si vous me citez dans la presse» aurait déclaré Philippe Jehanne, de la Dgse à l'historien Gérard Prunier le 19 mai 1994, en plein génocide. D'ailleurs, le rapport de la commission d'enquête rwandaise publié le 5 août 2008 met la France directement en cause dans le génocide. Andrew Wallis cite les soldats français qui auraient déclaré aux interhamwe «il faut ouvrir les ventres de ces Tutsis que vous tuez pour qu'ils coulent et que les satellites ne les voient pas». Pour information, le terme «interhamwe» désignait les membres des milices de l'ancien parti unique le MRND.
«C'est aussi ce qu'a récemment dénoncé l'un des acteurs militaires présent à cette époque au Rwanda, Guillaume Ancel, qui affirme «l'histoire mythique de l'opération Turquoise ne correspond pas à la réalité». Il affirme que la «volonté humanitaire» cachait une réalité moins avouable, qui voulait stopper l'avancée militaire du FPR (Front patriotique rwandais) tout en ménageant les forces gouvernementales génocidaires. Le témoignage de cet ancien capitaine au 68ème régiment de l'artillerie d'Afrique évoque le troublant décalage entre la version officielle française, et la situation qu'il a vécue. Il raconte comment les armes qui avaient été prises aux Tutsis, par les militaires français on été distribuées à l'armée rwandaise, principalement Hutu, affirmant même que ce serait la France qui aurait payé la solde des soldats rwandais.(2)

Les enquêtes sur le génocide
«De nombreuses enquêtes ont été menées sur le Génocide des Tutsis au Rwanda en 1994. L'une des plus sérieuses fut sans conteste celle conduite par la Ména, à partir de 2002, qui se solda par la publication de près de 140 analyses et autres documents. Ceux-ci ont établi la réponse à trois questions fondamentales: l'Etat français a-t-il activement participé, avec ses élus, ses diplomates et son armée à la préparation du génocide? A son encadrement? A son exécution? Terrible vérité: la France a perpétré un génocide, il y a vingt ans à peine, participant avec ses commandos, ses légionnaires, ses hélicoptères, ses jeeps et ses mitrailleuses, à l'anéantissement d'environ 800.000 innocents non armés, de tous âges, en quatre mois. Il s'agit d'une cadence supérieure à celle des nazis et de leur extermination industrielle des Israélites durant l'ensemble du Second Conflit Mondial. Ce qui effraie le plus dans ce crime est qu'il a été commis pratiquement sans motif, et sans que les cibles visées par l'Armée française n'aient jamais constitué la moindre menace sécuritaire et encore moins militaire ou politique pour la France.» (3)
A l'époque de la publication de notre enquête, strictement aucun media français ne partageait nos conclusions. Lors, aujourd'hui, quand, presque triomphaux, nos confrères annoncent la condamnation à 25 ans d'enferment d'un capitaine hutu paraplégique par la justice française pour son rôle dans le génocide, ne comprennent-ils réellement pas que les juges ont envoyé aux galères un troisième violon dans l'orchestre des complices et alliés de la France en 1994?
La diplomatie française, par l'intermédiaire de son porte-parole Romain Nadal, a exprimé qu'il y avait, dans les Conclusions du rapport de la «Commission chargée de rassembler les preuves montrant l'implication de l'Etat français dans le génocide», présentées mardi à Kigali, des «accusations inacceptables portées à l'égard de responsables politiques et militaires français». François Mitterrand détestait, pour des raisons obscures qu'il a probablement emportées avec lui dans l'au-delà, les Tutsis. De plus, il privilégiait les Hutus, qui étaient plus nombreux, moins développés et qui parlaient français, par opposition aux chefs du FPR, de culture anglophone.» (3)
Il y eut aussi le témoignage d'un colonel belge de l'ONU qui y a accusé la France d'avoir assassiné le président Habyarimana. Ce qui devait déclencher le génocide. «Dans sa déposition, le colonel Walter Ballis a déclaré que les Français sont intervenus parce qu'ils voulaient chasser les Belges du Rwanda. Dès le début du vingtième siècle, a-t-il rapporté, il était dit que si les Belges échouaient en Afrique centrale, c'était à la France de prendre la relève. (...) «Je pense que certains Français ont gardé cette idée dans leurs têtes, celle de conquérir l'Afrique centrale (...) Ce n'est pas la France qui a commis le génocide, ce ne sont pas les Hutus, comme ethnie, qui ont commis le génocide. Dans chaque groupe de personnes, il y a de malins génies. Dans les hautes sphères de la politique française, il y a eu des gens qui ont eu des idées mauvaises sur le Rwanda», a-t-il ajouté. Et de conclure: «Le soldat exécute les ordres de son chef. (...)Il ne se remet en question que lorsqu'il réalise que ce qu'il fait n'est pas conforme à la conscience humaine.» (4)
On apprend que Christiane Taubira ne se rendra pas au Rwanda pour la commémoration. En fait, écrit Jean Bonnevey: «La France socialiste refuse sa responsabilité et la droite de la cohabitation aussi. (...) Pourtant, sans le soutien de Paris au régime du président Juvénal Habyarimana, le génocide n'aurait jamais pu avoir lieu.(...) Sans cet appui, le régime de l'époque n'aurait jamais eu le temps de préparer la tentative d'extermination de la population Tutsi. Le «génocide arménien» pour lequel la France se bat et s'ingère dans les affaires intérieures turques est mis en avant par la Patrie des Droits de «l'homme blanc» mais pas question de reconnaître sa responsabilité dans le génocide rwandais et les morts crient toujours et attendent qu'on leur rende justice pour reposer en paix» (5) Rien à ajouter.
Le rôle de l'ONU et des Etats-Unis dans cette affaire n'apparaissent pas. Bill Clinton, hypocritement, aurait regretté de ne pas être intervenu. Bernard Debré, secrétaire d'état à la Coopération à l'époque résume bien la situation: «Ce qu'on oublie de dire, c'est que si la France était d'un côté, les Etats-Unis étaient de l'autre côté, armant les Ougandais qui armaient les Tutsis. Je ne veux pas décrire une confrontation entre les Français et les Anglo-Saxons mais la vérité doit être dite.» Les Tutsis attendent qu'on leur rende justice ils ont droit à la même humanité, ils ne veulent pas faire de leur malheur une pompe à finances, une vie en Afrique est aussi importante qu'en Europe. La France se grandirait à regarder son histoire coloniale en face, comme l'ont fait les Belges, les Américains avec le Vietnam. Il ne s'agit pas de repentance, il s'agit de restitution des droits à tous les hommes même non-blancs...

1. Le génocide rwandais
2. Olivier Cabanel http://www.agoravox.fr/ actualites/international/article/rwanda-une-verite-qui-derange-150531 10 04 2014
3. Stéphane Juffa Rwanda: le déni et l'indécence de la France http://www.menapress. org/08 avril 2014
4. http://www.metulanews.net/article.php? sid=1723
5. Jean Bonnevey http://metamag.fr/metamag-1951-Rwanda--democratie-et-crime-contre-l%E2%80%99humanite-La-nouvelle-faute-de-Christiane-Taubira.htmll 08/04/2014

Source : http://www.lexpressiondz.com/chroniques/analyses_du_professeur_chitour/192704-un-genocide-oublie.html

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