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1 février 2019

Le ravage de l'endettement des pays africains.

Forum de Davos : le 

par Reghis Rabah

Ce ne sont pas les leaders des pays africains présents en Suisse qu'ils l'ont constatés mais un rapport de la banque publié le mardi 8 janvier 2019 qui alerte sur « les vulnérabilités liées à la dette dans les pays à bas revenus ». Cet endettement sur ces différentes formes, internes et externes ou parfois l'endettement interne par un financement non conventionnel creuse le déficit pour obliger le pays à aller vers l'externe, a augmenté ces dernières années selon les statistiques présentés en détails. En général, la planche à billet lorsqu'elle n'est pas contrôlée gonfle à l'insu du pays qui la pratique et le met en difficulté pour recourir au marché financier international pour combler un déficit incontrôlable. L'Algérie qui l'a commencé, voilà un peu plus d'une année seulement est selon les dernières estimations de la banque d'Algérie à prés de 5200 milliards de dinars, tout en gelant les reformes audacieuses comme les subventions diverses par exemple. L'institution, n'a pas encore cité ouvertement les pays fortement producteurs de matières premières mais dans un chapitre spécifique, elle s'inquiète des risques de dérapage au sein de ce groupe de pays dont la très grande majorité (vingt-sept sur trente-trois), est située en Afrique subsaharienne. Un refrain devenu récurrent, ces derniers mois, dans les cénacles consacrés aux Etats les plus pauvres. Elle étaye ce simple éveil par des chiffres effarants. Ainsi, en 2017, l'endettement moyen des pays à bas revenus dépassait 50 % de leur produit intérieur brut (PIB), contre environ 30 % en 2013. Certaines trajectoires sont spectaculaires. En effet, en Gambie, le fardeau est passé de 60 % du PIB à 88 % du PIB en quatre ans et le service de la dette capture désormais 42 % des recettes de l'Etat. Au Mozambique, en défaut sur le paiement de certains intérêts, l'endettement public a bondi de 50 % à 102 % entre 2013 et 2018.En définitif conclu le rapport, onze pays sont désormais surendettés ou en voie de l'être. Ils n'étaient que six en 2015. Les plus durement affectés sont les Etats en situation de conflit, dotés d'une faible gouvernance ou très dépendants des matières premières. Mais l'emballement est aussi dû aux périodes de forte croissance. A la fin des années 2000, les Etats venaient de voir leur ardoise effacée, grâce aux vastes opérations d'annulations de dettes pilotées par la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI). Profitant à plein du super cycle des matières premières, ils ont fortement mobilisé les capitaux étrangers pour financer l'investissement public ou, plus fréquemment, la consommation. La chute vertigineuse des cours, entre 2014 et 2016, a renversé la donne, laminant les exportations et les devises nationales, et creusant profondément les déficits. 

1-Les bailleurs de fonds passent la main à la Chine 

La banque mondiale s'est intéressée dans ce rapport non seulement à la tendance ascendante et préoccupante de cet endettement mais aussi du profil des créanciers pour d'abord stresser sur le fait que «Les pays à bas revenus ont augmenté leur dépendance aux sources non traditionnelles de financement ». Dit autrement, la proportion d'acteurs publics et de grands bailleurs de fonds multilatéraux, délivrant des prêts à des conditions préférentielles, a régressé. Notamment au profit de prêteurs commerciaux pratiquant des taux plus élevés et la solution de facilité de la planche billet. Ces dernières années, de nombreux Etats à bas revenus se sont ainsi risqués sur les marchés pour lever de l'argent. Parmi eux, l'Ethiopie, le Rwanda, le Sénégal et la Tanzanie ont procédé à des émissions d'obligations libellées en dollars ou en euros. Certaines de ces opérations arrivent à terme et vont devoir être refinancées, à un moment où les marchés sont moins sereins et les investisseurs plus frileux. En même temps, la Chine est devenue un créancier majeur du continent. Or elle n'appartient pas au Club de Paris, ce groupe de pays riches où se négocient des opérations de restructuration. 

De quoi laisser supputer des problèmes de « coordination » entre les différents bailleurs, en cas de futures crises de dette, indique la Banque mondiale. Difficulté supplémentaire, les prêts octroyés par les prêteurs non traditionnels sont parfois assortis d'exigences de « col latéralisation », soit des accords de troc, complexes et opaques, où l'argent frais s'échange contre du pétrole ou des infrastructures. Outre les recommandations classiques visant à accroître les recettes fiscales, la Banque mondiale exhorte Etats et créanciers à œuvrer en faveur d'une plus grande « transparence ». 

2- Cette situation est mal tombée avec le ralentissement de l'économie mondiale 

La croissance mondiale devrait ralentir à 2,9 % en 2019, après 3 % en 2018, selon les dernières prévisions de la Banque mondiale. Tensions commerciales, décélération des échanges mondiaux et de l'investissement, nervosité des marchés : les risques sont nombreux. Les pays avancés devraient voir leur croissance tomber à 2 %, après 2,2 % en 2018. Et les pays émergents et en développement croîtraient de 4,2 % en 2019, au lieu de 4,7 % prévus en juin. « Au début de 2018, l'économie mondiale tournait à plein régime, mais elle a perdu de la vitesse au cours de l'année et la route pourrait devenir encore plus cahoteuse », prédit la directrice de la Banque, Kristalina Georgieva. Il se trouve que les pays les moins avancés (PMA) se recherchent sans investir dans le montage des petites et moyennes entreprises (PME). Dans son rapport 2018 sur les pays les moins avancés (PMA), publié le mardi 20 novembre, la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced) souligne les lacunes du paysage entrepreneurial au sein de ces 47 pays les plus pauvres du monde, dont 32 se situent en Afrique subsaharienne. L'insuffisance de sociétés de taille moyenne et intermédiaire est un sérieux handicap, car elles sont précisément celles qui présentent le plus fort potentiel, en termes d'emplois et d'innovation. Dans les PMA, l'entrepreneuriat indépendant est prédominant et représente 70 % de l'emploi total. Il s'agit essentiellement de simples paysans ou vendeurs de rue, exerçant le plus souvent une activité informelle, faute d'alternative. Quant au secteur formel, il est constitué à 58 % de micro et petites entreprises. Problème : « Ces petites structures ont des difficultés à grandir, elles ne sont pas très stables, embauchent peu et innovent rarement », décrit Rolf Traeger, chef de section des PMA à la Cnuced. 

3- Pourtant La BAD ne cesse d'alarmer sur la fuite des capitaux 

Dans son dernier rapport annuel, la Banque Africaine de Développement (BAD) dont l'exécutif se réuni annuellement dans un des pays africain, tire la sonnette d'alarme sur les fuites de capitaux de nombreux pays Africain vers ceux occidentaux. Ces fuites cumulées ont fait de l'Afrique et il n'est pas exagéré de le dire un « créancier net » pour le reste du monde. En effet, la synthèse de ces rapports et celui du Global Financial Inegrity (GFI), un groupe de défense basé à Washington font état de près de 1500 milliards de dollars qui ont quittés l'Afrique au cours des 30 dernières années. Cette situation, selon toute vraisemblance surprenante, est un contraste frappant avec la réputation qu'on laisse planer sciemment d'une Afrique pauvre et qui ne cesse de demander de l'aide étrangère. L'Algérie est tombée de plein dans le panneau en contribuant à enrichir les dirigeants Africains au détriment des populations qui de toutes les façons n'en bénéficieront jamais. Il faut cependant signaler qu'en 2005, le Groupe des G8, pays les plus riches de la planète ont arrêté d'un commun accord une enveloppe de 50 milliards de dollars faisant ainsi de l'Afrique le continent le plus dépendant de l'aide au monde. En dépit de cela, les conclusions de la synthèse conjointe indiquent que rien qu'en activité criminelle, de l'effet réciproque de la corruption et de l'évasion fiscale, les pays Africains ont perdu près de 1,4 milliards de dollars chaque année entre 1980 et 2009. Les experts de GRI s'expliquent : « Dans les milieux de développement, nous parlons beaucoup de la quantité d'aide qui va vers l'Afrique, et il y a ce sentiment parmi certains en Occident selon lequel bien que nous donnions cet argent depuis des décennies, c'est la faute de l'Afrique si les pays du continent ne sont pas encore développés. En effet, notre recherche montre qu'alors que l'Occident donne de l'argent à l'Afrique, bien plus en sort illicitement. En outre, vous pouvez supposer que les fuites illicites à partir d'autres régions entraîneraient probablement de transferts nets élevés de ressources provenant d'autres régions en développement, également ». 

Malgré les alertes continuelles des associations comme la SURVIE, SHERPA etc. qui sont des ONG de lutte contre la corruption en Afrique, cette tendance n'a fait que s'accentuer pour atteindre ces dernières années des montants intolérables. En effet, elle semble se renforcer cette dernière décennie pour atteindre un montant annuel de prés de 35 milliards de dollars qui sort illégalement des pays Africains dont les trois quarts des seuls pays de l'Afrique du Nord et notamment l'Algérie, le Nigeria, la Libye et plus loin l'Afrique du sud. Ces sommes considérables viennent de l'argent sale des contrats pétroliers, gaziers et miniers en général. Ces révélations ont été confirmées voire même renforcées par les indices de Revenue Watch Institute (RWI), celui-ci, considéré comme un groupe de veille prospective. Cette analyse a clairement mis en évidence la corrélation entre la très forte dépendance économique et les indicateurs du développement humains (IDH).Cette étude porte sur un échantillon de 58 pays africains dont le métier est en grande partie serait concentré dans l'extraction du pétrole, du cuivre et du diamant dans le monde. La marge bénéficiaire de leurs secteurs extractifs est estimée à plus de 4,6 milliards de dollars en 2018, dépassant de loin l'aide qui provient de l'occident. Pourtant, plus de 80 pour cent de ces pays n'avaient pas également réussi à mettre en place des normes satisfaisantes pour l'ouverture de ces secteurs et la moitié n'avait même pas pris de mesures de base à cet égard. On lit dans ces rapports que « Dans les pays riches en ressources, le secteur des ressources naturelles est généralement la principale source de flux financiers illicites » signalant une conclusion du Fonds monétaire international (FMI) selon laquelle le secteur pétrolier en Angola n'a pas déclaré en 2017 près de quatre milliards de dollars. Ces pays manquent généralement de structures de bonne gouvernance qui permettraient aux citoyens de surveiller la quantité et l'utilisation des recettes provenant du secteur des ressources naturelles. Souvent, les loyers et les redevances provenant de la gestion des ressources ne sont pas utilisés pour soutenir le développement social et économique des pays riches en ressources, mais sont plutôt détournés ou dépensés de façon non productive à travers la corruption et le clientélisme. 

Les conséquences de cette fuite « entretenue » et parfois « encouragée » par les firmes multinationales et qui touchent à la fois les fonds publics et l'aide étrangère retarde selon les experts de ces associations le décollage économique et partant le développement de la majorité des pays africains puisque le montant des fuites de ces trois dernière décennies serait l'équivalent de leur Produit Intérieur Brut (PIB). Ce qui leur fait dire que le continent n'a pas de problème de disponibilité de ressources mais celui de la gestion de ressources, gaspillée par des dirigeants corrompus mais fortement soutenus par les pays occidentaux à travers leur compagnies multinationales. On lui vole des deux mains ce qu'on lui donne du bout des doigts puis on crie au scandale. Ces experts restent convaincus que grâce à une bonne gestion des ressources, l'Afrique pourrait être en mesure de financer une grande partie son propre développement. C'est une panne d'idée qui fait que l'Algérie par exemple qui avait une manne de prés de 200 milliards de dollars n'a pu redynamiser son industrie pour le regretter aujourd'hui. Il faut toutefois souligner que ces rapports suscitent et alarment l'opinion publique africaine et occidentale sur la nécessité de renforcer des mécanismes de régulation d'abord par les institutions africaines pour s'assurer que le développement en Afrique profite bien aux objectifs des secteurs d'intérêt général. Toutefois ils n'ignorent pas le rôle des pays occidentaux pour les inciter à sortir de cette « hypocrisie » et de jouer franc jeu car ils sont en grande partie responsables de cette situation. De nombreux experts estiment que si ces chiffres étonnent quelques peu l'opinion africaine, elles ne sont pas pour autant une surprise pour les banques occidentales et des paradies fiscaux qui autorisent la création des sociétés écrans anonymes. Les gouvernements occidentaux qui contrôlent ces institutions ne partagent pas les informations avec les pays africains et continuent tergiverser sur une règle efficace sur le blanchiment d'argent .Eux même n'arrivent pas de sortir de cet imbroglio et le sommet des 27 du 22 mai dernier l'a très bien montré. Il ne s'agit donc pas d'une initiative des seuls acteurs nationaux mais d'une dynamique qui impliquerait à la fois les nationaux et les internationaux. Face à une telle situation, faudrait-il réfléchir avant de consentir des aides à ces pays qui se traduit dans les faits à l'enrichissement de leurs dirigeants pour les rendre encore plus puissants et parfois même contribuent à accentuer la misère. A moins qu'il ne s'agisse là d'un aveu d'impuissance de recouvrement de ses dettes pour en faire un geste politique, auquel cas, on peut se demander que gagnera t- on d'une coopération sud - sud ? 

4- La France par exemple, elle en fait sa stratégie 

Un journal économique allemand accuse la France de piller chaque année 440 milliards d'euros aux africains à travers le Franc CFA. Dans les années 1950 et 60, la France a décidé sous une pression internationale, parfois insurrectionnelle d'abandonner les colonies françaises d'Afrique .Bien que le gouvernement de Paris ait accepté les déclarations d'indépendance formelles, elle a appelé les pays africains à signer un soi-disant pacte pour la poursuite d'une néo- colonisation. Ils y ont convenu d'introduire la monnaie coloniale française FCFA (Franc pour les colonies françaises en Afrique), maintenir les écoles françaises et système militaire, et d'établir le français comme langue officielle. 

Le Franc CFA est la dénomination de la monnaie commune de 14 pays africains membres de la zone Franc. Cette monnaie qui constitue un frein à l'émergence de ces pays a été créée en 1945, date où la France a ratifié les accords de Bretton Woods et procédé à la mise en œuvre de sa première déclaration de parité au fonds monétaires international (FMI). Cela s'appelait à l'époque «Franc des Colonies Françaises d'Afrique». En vertu de cette loi, 14 pays africains sont encore obligés de stocker environ 85 pour cent de leurs réserves en devises à la Banque de France à Paris. Ils sont sous le contrôle direct du Trésor français. Les pays concernés n'ont pas accès à cette partie de leurs réserves. Les 15 pour cent des réserves ne suffisant pas à leurs besoins, ils doivent emprunter des fonds supplémentaires du Trésor français au prix du marché. Depuis 1961, Paris contrôle toutes les réserves en devises étrangères du Bénin, du Burkina Faso, la Guinée-Bissau, Côte-d'Ivoire, Mali, Niger, Sénégal, Togo, Cameroun, République centrafricaine, Tchad, Congo, Guinée équatoriale et le Gabon. En outre, ces pays doivent chaque année transférer leur «dette coloniale» pour l'infrastructure construite en France à Paris. La France prend environ 440 milliards d'euros par an. Le gouvernement à Paris dispose également d'un droit de premier refus sur toutes les ressources naturelles nouvellement découvertes dans les pays africains. Enfin, les entreprises françaises doivent avoir la priorité dans l'attribution des contrats dans les ex-colonies. En conséquence, il y a le plus d'actifs dans les domaines de l'approvisionnement, de la finance, le transport, l'énergie et l'agriculture dans les mains des sociétés françaises. L'élite dirigeante dans chaque pays africain doit remplir ces créances obligatoires sans aucun autre choix. Les dirigeants africains qui refusent sont menacés d'assassinat ou de renversement de leur gouvernement. Au cours des 50 dernières années, on a eu 67 coups d'Etats dans 26 pays africains. 16 de ces 26 pays étaient d'anciennes colonies de la France. Un exemple est le premier président du Togo Afrique de l'Ouest, Sylvanus Olympio, renversé par un coup d'Etat. Il avait refusé de signer le «Pacte pour la poursuite de la colonisation ». Mais la France a insisté pour que le Togo paie la compensation pour les infrastructures qui avaient été construites par les Français pendant la période coloniale. La somme équivaut en une année à environ 40 pour cent des ménages du Togo en 1963, obligeant le pays juste indépendant à atteindre rapidement ses limites économiques. En outre, le nouveau président du Togo a décidé de supprimer et d'imprimer sa propre monnaie nationale, la monnaie coloniale française FCFA. Trois jours après cette décision, le nouveau gouvernement a été renversé par un groupe d'anciens légionnaires étrangers et le Président tué. Le chef des Légionnaires, Gnassingbe Eyadema, a reçu 550 euros de l'ambassade française pour l'attaque, selon le Telegraph britannique. Quatre ans plus tard Eyadema a été promu avec le soutien de Paris, nouveau président du Togo. 

*Consultant, économiste pétrolier
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