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11 janvier 2013

L'AUDACE TECHNOLOGIQUE DE LA CHINE - Sa vitesse de développement est-elle soutenable?

hong_kongPar Pr Chems Eddine CHITOUR - Samedi 05 Janvier 2013 -

Cet immense pays, où vit un être humain sur six, ne cesse de surprendre

«Connaître son ignorance est la meilleure part de la connaissance.» Proverbe chinois

Encore une fois la Chine se rappelle à notre bon souvenir. On apprend qu'elle vient de mettre en fonction, le 27 décembre, date symbolique de la naissance du grand timonier Mao Tsé-Toung, le 26 décembre 1893, un TGV qui relie Pékin à Canton soit 2 300 km à la vitesse de 300 km/h en seulement 8 heures contre 22 heures en train, et 3h30 en avion. Nous avons un sentiment mitigé, à la fois d'admiration, un pays du Sud arrive à maîtriser la technologie et, dans le même temps, nous avons l'impression que ce pays s'éloigne pour rejoindre l'autre camp qui, faut-il le rappeler, attend son moindre faux pas et ne lui fera pas de cadeau.

La prouesse technologique
Les ambitions de la Chine en matière ferroviaire ne sont plus à démontrer. Preuve que la technologie chinoise n'a pas grand-chose à envier aux technologies d'un Alstom ou d'un Siemens, le TGV chinois, un CRH380 de CSR Corporation Limited, conçu pour une vitesse maximale de 350 km/h, roulera à 300 km/h. (...) En août 2008 notamment, juste avant les JO de Pékin, la Chine avait mis en service un train capable d'aller à 350 km/h, conçu grâce au transfert de technologie de l'ICE allemand de Siemens. Aujourd'hui, le dernier-né des trains chinois, le CRH500 en phase de tests, atteint 500 km/heure. 16.000 km de voies ferrées en 2015 Inauguré en 2007, le réseau TGV chinois est déjà le plus important de la planète. Fin 2010, il atteignait 8 358 km, et pourrait dépasser les 16.000 kilomètres d'ici 2015. (...) Actuellement, la dette du ministère chinois des Chemins de fer s'élève à 257 milliards d'euros, soit environ 5% du PIB du pays. Pas de quoi, toutefois, calmer les ambitions du gouvernement. L'an prochain, il prévoit d'investir entre 64 et 73 milliards d'euros dans la construction de voies ferrées, dont 60% seront dévolus au programme à grande vitesse(1).
Dans le même ordre, le 9 janvier 2008, un train de 49 wagons porte-conteneur partait de Pékin avant de traverser la Chine, la Mongolie, la Russie, la Biélorussie, la Pologne et l'Allemagne après avoir parcouru près de 10 000 km en 15 jours (5 de moins que prévu), Après la reprise, le 11 décembre 2007, d'un service quotidien de transport ferroviaire de marchandises entre la Corée du Sud et la Corée du Nord, c'est un pont terrestre reliant l'Extrême-Orient à l'Europe occidentale, une «Route ferroviaire de la Soie», qui se construit.
Symbole de sa croissance à deux chiffres, la Chine a vu son taux d'urbanisation franchir symboliquement le seuil de 50% en 2011. C'est une nouvelle Chine qui voit le jour, car cette urbanisation signifie un changement radical du mode de vie structuré par une nouvelle organisation du travail.(...) De 1,32 milliard d'habitants actuellement, la population chinoise ne devrait pas dépasser les 1,5 milliard d'habitants en 2033.
«Outre le fait qu'à échéance de 2016 la Chine deviendra la 1re puissance économique au monde, c'est un autre monde, une autre géopolitique que connaîtront alors nos enfants. Et c'est sans compter la puissance militaire de la Chine tournée vers le Japon et la conquête de l'espace. Selon l'IHS américain, le budget de la défense chinois atteindra les 238,2 milliards de dollars en 2015. Chiffre à rapprocher selon la même étude, des 232,5 milliards de dollars dépensés à ce même horizon par les douze autres plus grandes puissances de l'Asie-Pacifique. Avec son programme de vol habité, la Chine a misé 2,4 milliards d'euros dans ce programme. Elle se prépare à envoyer le premier Chinois sur la lune». (2)

La Chine: démesure en tout et réussite insolente
Cet immense pays, où vit un être humain sur six, ne cesse de surprendre. Pendant que le monde occidental industrialisé peine à se réaliser et à se développer, on parle même de récession en Europe et aux Etats-Unis, cela veut dire que la croissance dans ces pays sera négative, dans l´Empire du Milieu elle est à deux chiffres ou presque. Un pays communiste - fin 2007, le Parti communiste chinois (PCC) revendiquait 74 millions de membres - qui utilise les vertus du capitalisme en le bridant avec une dimension sociale. La Chine n´est pas un pays qui a jailli du néant. La «vieille» Europe (la Grèce puis Rome) est venue aux temps historiques, 2000 ans après «l´Empire du Milieu». Pour l´Histoire, la Chine est sans conteste le berceau du progrès technique. C´est le pays de la poudre à canon et du compas magnétique, du papier et de l´imprimerie, du gouvernail et de la boussole, du parapluie et de la brouette. Des siècles avant l´Occident, la Chine a inventé un grand nombre des techniques sur lesquelles repose notre monde moderne. Certains historiens affirment ainsi que l´invention de la boussole et du gouvernail ont permis à un navigateur chinois de découvrir l´Amérique soixante-dix ans avant Christophe Colomb! En 2007, la Chine a recensé 415.000 millionnaires et 20 milliardaires. Première agriculture mondiale, la Chine a produit un tiers de la production de riz et de coton, un cinquième de la production de maïs et 15% de la production de céréales. Elle détient actuellement plus de la moitié du cheptel porcin mondial. C´est le pays du textile, de l´informatique et des jouets. Ses produits inondent les marchés occidentaux. Avec 37 millions de véhicules, la Chine ne dispose cependant que d´un véhicule pour 45 personnes contre trois véhicules pour quatre personnes aux Etats-Unis. (3)
Depuis deux ans, le pays a démarré le plus gros projet du monde avec l´installation de 6000 éoliennes réparties sur le territoire. Objectif: produire 30.000 mégawatts à l´horizon 2020. La Chine espère ainsi tirer 15% de son énergie grâce aux éoliennes contre 7% actuellement. La Chine est devenue en quelques années, leader incontesté des produits manufacturiers. Le symbole du génie chinois est le plus grand barrage du monde. Situé sur le fleuve Yangtsé, haut d´une centaine de mètres, le barrage hydroélectrique des Trois Gorges s´étend sur 2,34 km. D´ici l´an prochain, la centrale produira environ 84 milliards de watts par an, soit l´équivalent de trois fois la consommation algérienne. (3)
La Chine est le troisième pays au monde pour le volume des dépenses de R&D, juste après les États-Unis et le Japon. Si, en 2000, les dépenses de R&D chinoises représentaient 18% des dépenses américaines, en 2004 elles atteignaient 32,8%. En 2006 avec 19,4 millions d´étudiants, la Chine forme autant d´étudiants que les États-Unis et l´Union européenne, dont les taux de croissance sont plus faibles. Le budget alloué à l´éducation est passé de 2,5% du PIB en 1997 à 3,3% en 2002. La Chine a fixé d´ambitieux objectifs pour ses universités, dont un certain nombre a fusionné afin de concentrer les ressources. L´un des principaux projets a été la création de 100 «Key Universities», sur le modèle américain des universités de recherche, auxquelles la Chine a alloué d´importants financements depuis 1995. En 1999, la Chine était en dixième position en matière de publications scientifiques et en 2004, elle a atteint la cinquième position. (3)

La lutte des pays émergents:
la Chine un cas d'école
On sait que les USA et l'Union européenne peinent à relancer leur économie menacée de récession, dans le même temps le groupe des pays du Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) exhibe ses atouts qui lui permettront de devenir, d'ici l'an 2050, la nouvelle locomotive du monde. Dominique Losurdo décrit d'une façon claire le mécanisme de la rapine et de la mise en coupe réglée de la Chine: «[...] Avec une longue histoire derrière elle, qui l'avait vue pendant des siècles ou des millénaires en position éminente dans le développement de la civilisation humaine, la Chine, en 1820 encore, s'honorait d'un PIB qui constituait 32,4% du Produit intérieur brut mondial; en 1949, au moment de sa fondation, la République populaire chinoise est le pays le plus pauvre, ou parmi les plus pauvres, du monde Ce qui a déterminé cet effondrement est l'agression colonialiste et impérialiste qui commence avec la guerre de l'opium. Célébrées en termes même emphatiques par les plus illustres représentants de l'Occident libéral (qu'on pense à Tocqueville et à John Stuart Mill), ces guerres infâmes ouvrent un chapitre extrêmement tragique pour le grand pays asiatique. (...) A mesure que l'on approche de la fin du XIXe siècle, la Chine semble devenir le jouet d'un destin contre lequel elle n'a plus aucun recours. C'est une conjuration universelle des hommes et des éléments. La Chine des années 1850-1950, celle des plus formidables insurrections de l'histoire, des canonnades étrangères, des invasions et des guerres civiles est aussi celle des grands cataclysmes naturels. Jamais sans doute dans l'histoire du monde, le nombre de victimes n'avait été aussi élevé.» C'est dire le bond en avant de la Chine qui revient de loin.»(4)

La croissance infinie dans un monde fini: une utopie
Dans les pays industrialisés, la Chine est une énigme, non contente de détenir les dettes de plusieurs pays européens et l'essentiel de la dette américaine avec plus de 2000 milliards de dollars, la Chine est un sujet d'inquiétude et de perplexité pour la plupart des observateurs.
Jin Canrong vice-recteur de l'Institut des relations internationales, à Beijing, résume tous les défis auxquels la Chine est désormais confrontée: «Progresser de manière stable est le fil rouge dont a besoin aussi la planète. Car l'Europe s'est éteinte. Je crois que le Japon va s'éteindre à son tour. La force motrice des États-Unis n'est pas terrible. La Chine, elle, persiste encore. Si les choses allaient mal en Chine, ce serait catastrophique. Par conséquent, l'économie chinoise a une responsabilité envers elle-même, mais aussi envers le monde. D'abord, il faut faire en sorte qu'elle ne déraille pas. Puis, elle doit maintenir sa force, son énergie. De la sorte, elle pourra apporter une grande contribution au monde.» (5)
Devant les multiples contraintes planétaires, continuer sur cette lancée pour les pays industrialisés et émergents s'apparente à un suicide. Doit-on cependant continuer sur cette lancée? «Les hommes politiques lit-on sur une contribution sur Agoravox, comme la plupart des «responsables» économiques, ne sont pas à la hauteur des enjeux de l'humanité. La pensée unique phagocyte la plupart d'entre nous. (...) Quel responsable économico-politique a-t-il eu le courage d'avertir ses semblables qu'il fallait prendre conscience que nous sommes sur un satellite d'un petit soleil perdu parmi des milliards de milliards de soleils, menacé par l'espèce animale la plus consciente de son intelligence? Du moins, jusqu'à preuve du contraire. (...) Qu'est-ce que cette religion du Veau d'or qui domine non seulement la finance internationale, véritable casino ouvert 24h/24, mais aussi les esprits des braves gens qui n'ont plus foi qu'en la Française des Jeux, l'Euro-million et tous leurs jeux de hasard?» (6)
«Alors que les sciences et les techniques nous ouvrent des perspectives formidables, leurs revers nous affolent et la majorité des gens ne croient plus à une amélioration, à un futur meilleur. Ils savent bien que les sources d'énergie carbonées, les matières premières sont en voie d'épuisement à plus ou moins court terme et que les conséquences vont bouleverser nos habitudes. les enjeux écologiques sont considérés comme non prioritaires Les pays émergents n'ont qu'un objectif: rattraper et dépasser «l'american way of live» qui a comme seul niveau de mesure la «surconsommation». C'est ainsi que la Chine et l'Inde sont en train de «se suicider», mais avec une conséquence «intéressante»: ces deux pays vont entraîner la planète dans le chaos. Nos «responsables» n'ont qu'un objectif: leur prochaine réélection à cinq ou quatre ans selon les mandats auxquels ils ont droit.» (6)

Que faut-il faire?
On l'a vu, le chemin des pays du Brics est celui des pays développés. Comment décroître sans casser? «Il s'agit bien d'un bouleversement des us et coutumes. Il y a des milliards de tonnes de rebus à récupérer sur le vaisseau Terre, à partir desquels on pourra, pour moins cher, fabriquer du neuf ou du restauré. Les objets vraiment nouveaux devront avoir fait la preuve de leur utilité absolue par rapport à l'existant. La notion de mode, de gaspillage, de frénésie du nouveau pour le nouveau, devra être bannie sous peine de sabotage du satellite.
Même attitude vis-à-vis des ressources alimentaires. Les semences adaptées traditionnelles devront être encouragées, les monocultures remises en question, et les OGM drastiquement encadrés par les citoyens (producteurs et consommateurs). L'eau et l'air doivent être déclarés propriétés collectives des Terriens et ne sauraient être privatisées. (...) Alors que la survie de l'espèce humaine sur notre satellite Terre exigerait un sens du partage, de la solidarité, de l'unité de pensée, les religions, les politiciens, les responsables économiques entretiennent l'esprit de compétition, de concurrence, de division, de domination des uns sur les autres. C'est ainsi que les civilisations s'effondrent comme l'a si bien démontré Jared Diamond dans ses études (...) Tout n'est pas perdu. Mais tout est menacé.» (6)
Justement à propos des politiques et de leur docte aveuglement, Edgard Morin avec sa lucidité coutumière écrit:«Tout notre passé, même récent, fourmille d'erreurs et d'illusions, l'illusion d'un progrès indéfini de la société industrielle, l'illusion de l'impossibilité de nouvelles crises économiques, l'illusion soviétique et maoïste, et aujourd'hui règne encore l'illusion d'une sortie de la crise par l'économie néolibérale, qui pourtant a produit cette crise. Règne aussi l'illusion que la seule alternative se trouve entre deux erreurs, l'erreur que la rigueur est remède à la crise, l'erreur que la croissance est remède à la rigueur. (...).» (7)
Dans ce combat de titans, les damnés de la terre ne sont pas concernés par la croissance. Ce sont les variables d'ajustement d'un climat, de plus en plus erratique. Dans tous les cas nous sommes mal barrés, car les pays émergents refont le même chemin de l'impasse qui devra conduire à plus de chaos. D'une certaine façon, la fameuse phrase de Bush (Walker) «le niveau de vie des Américains ne se négocie pas», nous mènera au chaos et préfigure depuis une dizaine d'années les futures guerres pour les matières premières, pour l'énergie, pour l'eau et pour la nourriture. Il n'y a pas à l'heure actuelle d'hommes politiques fascinés par l'avenir commun de la planète.
1.http://lexpansion.lexpress.fr/entreprise/les-chiffres-fous-du-tgv-chinois_366486.html
2.http://www.agoravox.fr/actualites/international/article/la-chine-en-pleine-croissance-128044
3.http://www.agoravox.fr/actualites/international/article/la-chine-demesure-en-tout-et-43123
4.C.E. Chitour http://www.agoravox.fr/actualites/international/article/les-brics-et-la-construction-d-un-113953
5. http://www.legrandsoir.info/l-economie-chinoise-a-une-responsabilite-envers-elle-meme-mais-aussi-envers-le-monde.html
6.http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/les-vrais-enjeux-d-aujourd-hui-128361?debut_forums=0#forum3586650
7.Edgar Morin http://www.lemonde.fr/idees/article/2013/01/01/en-2013-il-faudra-plus-encore-se-mefier-de-la-docte-ignorance-des-experts_1811813_3232.html

Source : http://www.lexpressiondz.com/chroniques/analyses_du_professeur_chitour/166662-sa-vitesse-de-developpement-est-elle-soutenable.html

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