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19 février 2016

Les raisons d'une comparaison.

v_lo

par Slemnia Bendaoud

Madame Taubira, l'ex-ministre de la Justice au gouvernement français, est donc rentrée chez elle à vélo, tout en pédalant, en quittant à sa demande, cette haute fonction étatique. De plus, ce fut cette même bicyclette qui figurait dans sa déclaration de patrimoine d'avant sa prise de fonction, il y a juste une petite brochette d'années. 

De l'autre côté de la Méditerranée, en Algérie plus particulièrement, non seulement on n'a pas –sauf rares exceptions- ancrée dans nos esprits, pratiques et autres mœurs politiques cette haute culture de la démission et de la déclaration plutôt très sincère du patrimoine, mais, en plus, on prend souvent le temps et le soin de longtemps garder sur soi à la fois les clefs du véhicule de service mais aussi celles de la villa occupée pour les mêmes besoins ! 

La première –même à distance- vivait donc toujours parmi les basses catégories de son peuple, et elle y retourne présentement, toute contente de le servir désormais à plein-temps, aujourd'hui qu'elle s'est totalement libérée et complètement débarrassée de cette casquette qui l'occupait et l'indisposait bien souvent le côtoyer,en l'accompagnant encore plus longuement dans son quotidien, dans ses espoirs, dans ses menus mouvements, dans ses préoccupations et autres perspectives d'avenir. 

Ce lien solide et indéfectible qui la liait sans discontinuité et sans la moindre barrière psychologique au petit peuple, n'ayant jamais entre-temps été rompu ou interrompu, lui permet cependant de reprendre de façon permanente la place qui lui sied et de continuer leur combat commun, à l'effet de faire triompher les mêmes valeurs sociétales que sous-tendent des objectifs préalablement établis et définis dans le temps. Ce juste retour de l'élément à son groupe d'appartenance ou d'origine conforte ce dernier dans sa cohésion, union et organisation pour cimenter à jamais la relation de l'individu avec la communauté, et de faire pérenniser des valeurs sociétales très anciennes. Dans l'autre cas de figure, celui purement algérien, cette ancestrale liaison et très féconde relation, entre ces deux composantes ou entités de la même société, n'a nul droit d'exister, dès lors le grand commis de l'Etat, aujourd'hui démis de ses fonctions ou ayant consommé son mandat, a depuis déjà très longtemps décidé de ne plus rejoindre sa grande famille politique et les siens ni même encore ce tout petit peuple avec lequel il aura auparavant vécu et appartenu ou alors celui qui l'aura un jour bien élu et porté aux nues ! 

Dans son subconscient, tout retour à la case de départ ou à cette basse société est un véritable retour à l'enfer de la mouise, à la hallucinante hantise, au douloureux passé, à cette histoire de misère, à une page usée qu'on a déjà refermée ou complètement déchirée, à un ancien conte qui n'est plus désormais d'actualité, à un sujet largement dépassé autant dans le temps que par les évènements … 

Une récente étude dans ce domaine n'a-t-elle pas révélé à l'opinion publique que sur les 700 ministres qui ont eu à gérer les portefeuilles de la gouvernance du pays, plus de 500 d'entre eux se sont de leur propre gré expatriés en France et en Europe, alors le restant du groupe réside, lui, au sein de la capitale Alger, tournant carrément le dos au pourtant vaste territoire et autres braves gens de leurs anciens hameaux et tribus ! 

Mieux encore, tout nouveau sénateur ou récent parlementaire n'est-il pas analysé par nos sociologues comme un potentiel émigré, intra-muros et en puissance, sachant que son passage par la Capitale marquera cette halte, au départ toute provisoire, mais qui s'étalera démesurément et considérablement dans le temps, faisant naitre chez sa toute jeune progéniture ce refus sans appel ou inconditionnel de regagner leur masure au sein de l'Algérie profonde. En échange à tout cela, l'un et l'autre auront intégré une toute autre nouvelle société qui s'est substituée à celle dont ils sont originaires, vouée désormais à l'oubli ou à la raillerie, sinon bien incompatible avec la réussite de leur modèle de vie et autres projets d'avenir. Et il est donc normal qu'ils y construisent toutes ces villas belles et très cossues, cet avenir si prospère et y tissent, entre autres privilèges, toutes ces relations d'intérêt qui leur font perdre leurs vrais repères et parfois une si grande histoire. Ainsi donc se croisent les chemins de celui-ci avec celui-là, celui qui revient à la raison et à vélo aux siens avec celui qui refuse de remettre les clefs de la villa et de l'auto de service en quittant à jamais sa fonction et région d'origine, celui qui se ressource encore parmi ce petit peuple dont il est toujours resté à son écoute avec celui qui a brulé la politesse à tout son monde en changeant de domicile, de statut et de philosophie dans sa vie ! 

Cependant, la véritable comparaison ne doit pas s'arrêter à ce niveau assez superficiel de la perception des différences nées de ces comportements sus-évoqués et relevés avec beaucoup d'intérêt, dans la mesure où ce sont les raisons d'attachement au peuple qui dictent la nature même de l'attitude fièrement affichée par ce responsable et ce constat pour le moins incompréhensible et accablant de cet autre élus ou commis de l'état. 

La leçon que nous enseigne cet ex garde des sceaux, de retour aux siens à vélo à l'issue de sa démission pour raison d'incompatibilité de sa fonction avec ses principes, traduit une très forte notion de moralité aux sens multiples des valeurs humaines et citoyennes qu'elle véhicule comme la retenue, l'humilité, la dignité, la probité intellectuelle, la sincérité de l'acte politique, la continuité d'un combat juste et durable ainsi que tant d'autres enseignements qui vont dans le même sens pour épouser la même portée … 

Tandis que celle retenue dans le second cas de figure ne fait, elle,par conséquent, que relever au grand jour cette absence criarde de culture politique qui est à la base de tous ces mauvais comportements humains,lesquels ne cadrent nullement avec les bonnes valeurs sociétales pour ne compter que pour des maux sociaux et attitudes négatives à au plus vite combattre et anéantir de nos manières d'agir et de nous comporter. A l'origine de cette différence de taille dans le diagnostic de ces comportements humains, il y a donc ce retour obligé et surtout fondamental au peuple ou au simple citoyen quant à l'exercice de tout acte politique au sein de ces pays démocratiques, sans lequel rien ne peut se décider ou se concevoir, se projeter ou s'entrevoir au sujet de son tout proche avenir. A contrario, dans l'autre société, celle dite sous-développée, tout se programme, se trame, se fait, se défait, se complote, se décide et se comptabilise au dépens, au détriment, dans le dos ou sur le dos d'un peuple visiblement marginalisé, ignoré, timoré, exclu et méprisé par une oligarchie qui profite de cette anarchie pour tenir court la bride à des citoyens longtemps dupés et sous-représentés ; chose dont tiennent beaucoup compte leurs très controversés « élus nationaux » pour ne jamais en référer ou à la limite tout juste le consulter. 

A la fois véritable constituant et surtout seul Déterminant de poids considérable dans la vie politique des Grandes Nations, ce peuple dont il est ainsi fait référence au sein de ces sociétés évoluées, ne compte au sein de l'autre équation rapportée aux pays dits sous-développés que pour rien au monde, tant il n'est jamais associé à ces décisions que l'on prend très souvent en son nom ! 

Ainsi donc apparait au grand jour toute cette différence à faire entre un peuple civilisé et aguerri et cet autre si méprisé et trop avili, entre ce monde évolué et très éduqué et cet autre dévalué et très critiqué, entre cette société moderne et très pérenne et cette autre plutôt encore « indigène » et moins sereine, plutôt vivant à la peine ! 

C'est à l'aune des progrès qu'ils réalisent que sont jugés les peuples et la grande culture des nations auxquelles ils appartiennent. Et si « Les peuples n'ont que les dirigeants qu'ils méritent », c'est parmi ces mêmes peuples que naissent toujours les véritables héros et grands révolutionnaires qui font avancer leurs pays et prospérer les sociétés modernes. Tout le secret de la comparaison furtivement tentée dans ce texte à la va-vite esquissé réside dans cette fameuse pédale qui fait progressivement avancer les deux roues du progrès du premier pays cité à un moment où un peuple si ancien comme celui de l'Algérie ne fait que ce rétropédalage qui le bloque si longtemps au sein de cette ère propre au moyen-âge. 

Au nord de la Méditerranée, on y va à la force des jarrets ! Sur son rivage opposé, on est encore à l'arrêt !

 http://www.lequotidien-oran.com/index.php?news=5225152

 

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