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27 octobre 2017

LA SOMALIE :Une zone grise abandonnée de tous.

«Quand les riches se font la guerre, ce sont les pauvres qui meurent.» Jean-Paul Sartre.

Mon attention a été attirée par le dernier attentat à Mogadiscio qui aurait fait près de 300 morts sous l'oeil indifférent des grands de ce monde et notamment de l'ONU qui compte les morts et accessoirement s'occupe de la famine dans ce pays qui n'a pas connu la paix depuis le règne de Siad Barré. Même la famine de 1992 - récurrente depuis- instrumentalisée par Kouchner et son sac de riz, est tombée dans l'oubli malgré aussi l'opération restore hope américaine qui a tourné au fiasco avec 18 morts parmi les FIS et qui ont amené les Américains à se retirer laissant le chaos malgré un présence symbolique d'une coalition africaine qui depuis à plié bagage. Des milliers d'habitants de Mogadiscio paniqués ont également fui samedi, certains à pied, le nord de la capitale. En essayant de fouiller un peu plus, je me suis aperçu que contrairement aux autres conflits médiatisés, l'agonie du peuple somalien se fait dans l'indifférence la plus totale de l'Occident, des grands de ce monde, mais plus encore par l'autisme des pays musulmans qui voient un autre pays musulman sombrer dans le chaos depuis plus de trente ans sans lui apporter une aide et tenter de résoudre les conflits internes à la fois sur le plan ethnique et religieux.. Dans un monde de plus en plus guerrier, en effet, les dépenses militaires mondiales battent des records. En 2008, elles ont atteint 1 464 milliards de dollars, soit 2,4% du PIB mondial, en progression de 45% par rapport à 1998, il faut se poser la question: D'où viennent les armes qui servent à tuer les Somaliens? Et qui paie? (1)

Somalie des richesses et des appétits
Bref retour sur l'histoire tragique de ce pays et sur la décolonisation bâclée. La Somalie est un pays à l'extrémité orientale de la Corne de l'Afrique. 637 657 km² avec 14,32 millions d'habitants (2016, selon la Banque mondiale). Entourée par le golfe d'Aden, l'océan Indien, Djibouti, l'Éthiopie et le Kenya, la Somalie possède 3 025 km de côtes et 2 366 km de frontière terrestre dont plus de la moitié avec l'Éthiopie. Le sous-sol contient de l'uranium, du minerai de fer, de la bauxite et du cuivre. L'économie repose sur l'agriculture et en complément sur l'exploitation des mines de sel. Le pétrole est convoité par de grandes compagnies qui négocient avec les gouvernements en place. (2)
De 1960 à 1969, la Somalie tente d'instaurer un gouvernement démocratique, mais des luttes claniques entre le nord et le sud du pays, les relations tendues avec les pays limitrophes, font de ces années une période instable.
En 1969, à la suite d'un coup d'État et de l'assassinat d'Abdirashid Ali Shermarke, Mohamed Siyad Barre prend la tête du Conseil révolutionnaire suprême. Une famine endémique dont le paroxysme est atteint en 1984 («du riz pour les Somaliens»). «Le french doctor». Trois ans plus tard, débordés face à la violence des seigneurs de la guerre, les Casques bleus plient bagage, abandonnant la Somalie au chaos. Siad Barre est finalement destitué le 26 janvier 1991. Suite à la guerre civile et aux menaces de famine, l'ONU lance une opération dite humanitaire à Mogadiscio à partir d'avril 1992: en décembre 1992, sous mandat de l'ONU, les États-Unis lancent une opération dite humanitaire encadrée par son armée: l'opération «Restore Hope» («Rendre l'espoir»). Il s'agit de la première intervention menée au nom du droit international d'ingérence humanitaire. L'intervention tourna à la guérilla urbaine et finalement au fiasco; c'est la bataille de Mogadiscio durant laquelle 18 soldats américains et près d'un millier de Somaliens trouvèrent la mort. Les évènements d'octobre 1993 entre Aidid et les rangers américains ont inspiré le film La Chute du faucon noir de Ridley Scott en 2001. (2)
Il ne reste rien des structures d'un Etat,les ingérences multiples occidentales, l'impuissance de l'Unité africaine qui se contente de bonnes paroles, l'inertie de la Ligue égyptienne dite arabe, la tétanisation des potentats arabes et musulmans qui regardent ailleurs s'ils ne tirent pas les ficelles de la fitna, la Somalie est le symbole même de ces «Failed States», ces «Etats en échec».

On se rappelle qu'en février les Somaliens pensaient avoir enfin la paix. L'élection, le 8 février, de Mohamed Abdullahi Mohamed, dit «Farmajo», à la présidentielle a provoqué une liesse populaire comme on n'en avait pas vu depuis l'indépendance. L'homme de tous les espoirs n'a pourtant qu'une expérience limitée du pouvoir. «Mr. Cheese», comme on le surnomme déjà - farmajo signifiant «fromage -, a vécu l'essentiel de sa vie aux Etats-Unis, où il servit comme fonctionnaire de l'Etat de New York.. Les Somaliens voient dans le triomphe de cet outsider moustachu à l'air sévère une victoire contre les trois maux qui rongent la Somalie: la corruption, le système clanique et l'ingérence des puissances étrangères. (3)

Le terrible attentat de dimanche 10 octobre
Pour ajouter à l'horreur: «L'attentat, toujours pas revendiqué, mais selon toute vraisemblance mené par le groupe Al-Chabab (affilié à Al-Qaïda), est le plus meurtrier jamais commis en Somalie. En vingt-cinq ans de drames et de guerre civile, les Somaliens pensaient s'être habitués à tout. Mais pas à ça. Plusieurs centaines de corps sans vie, noircis, brûlés, déchiquetés, méconnaissables, étalés sur la chaussée enflammée de Mogadiscio, entre les immeubles effondrés et les commerces détruits. La capitale somalienne, frappée samedi 14 octobre dans l'après-midi par un attentat au camion piégé, offrait un visage de mort. Une vision d'apocalypse. Depuis, Mogadiscio est en deuil. Et la ville compte ses morts. Mais combien sont-ils? Lundi matin, le bilan humain était encore incertain. «Nous avons confirmation que 300 personnes sont mortes. Ce bilan va s'alourdir», a indiqué lundi le chef des services ambulanciers de la ville. L'attentat, toujours pas revendiqué, mais selon toute vraisemblance mené par le groupe Al-Chabab (affilié à Al-Qaïda), est le plus meurtrier jamais commis en Somalie et sans doute dans la région, dépassant la destruction des ambassades américaines de Nairobi et de Dar es-Salam en 1998 (224 morts) ou encore l'attaque de l'université de Garissa, au Kenya en 2015 (148 victimes). On n'avait jamais vu ça, même à Mogadiscio. Dimanche, des centaines d'habitants, peut-être des milliers, ont pris la rue, faisant la queue pour donner leur sang et crier leur refus du terrorisme et de la violence. Du jamais-vu de mémoire somalienne. Dans les mots et dans les yeux, il y avait de la tristesse mais aussi de la rancoeur. Car l'attentat de samedi a mis brutalement fin à un «printemps somalien» qui n'aura duré que sept petits mois, suscité par l'élection au mois de février du très populaire président Mohamed Abdullahi Mohamed, dit «Farmajo». (4)
Le chef de l'Etat, ancien réfugié aux Etats-Unis, pouvait bien poser dans un hôpital, donnant lui-même son sang pour les victimes, assurer que «la terreur ne l'emportera pas» et décréter trois jours de deuil national. Son état de grâce est bien terminé. «Les djihadistes somaliens, malgré leur expulsion de Mogadiscio en 2011 et quelques revers locaux, contrôlent toujours une part substantielle du territoire somalien. Sûrs de leur force, ils n'hésitent pas aujourd'hui à attaquer des camps militaires de l'armée nationale ou de la Mission de l'Union africaine en Somalie (Amisom), à qui ils dérobent armes, explosifs et munitions La population somalienne subit régulièrement des attentats, le plus souvent revendiqués par les shebabs. Le gouvernement ne parvient pas à réduire l'emprise du groupe djihadiste. Le dernier bilan faisait état de 276 morts et 300 blessés. Dans les zones qu'ils contrôlent, les shebabs proposent des services que le gouvernement, perfusé par l'aide internationale, inefficace et corrompu, n'est plus en mesure de rendre. «Contrairement à Boko Haram, les shebabs n'empêchent pas les écoles de fonctionner et ils régulent les problèmes». (4)

Qui sont les shebab?
Selon le site Challenge.fr: «Le nom signifie «jeunes» en arabe. C'est un mouvement né au début des années 2000 regroupant plusieurs groupes islamistes somaliens. Il est issu de l'Union des tribunaux islamiques qui faisait la loi à Mogadiscio. Puis en 2006, l'Ethiopie, le Kenya, et l'Ouganda, les ont, avec le soutien des États-Unis, chassés de la capitale. Un gouvernement transitoire a pris le pouvoir et les shebab se sont retrouvés dans la clandestinité. Leurs actions sont très violentes et se produisent en Somalie, en Ouganda et au Kenya. Ils procèdent principalement par des attentats-suicides et des enlèvements. Compte-tenu de la faiblesse du pouvoir en place à Mogadiscio, ils assurent un ordre moral, un ordre sécuritaire auprès des populations. Ils veulent imposer un Etat islamique fondé sur la chariaâ. (5)
Pour l'encyclopédie Wikipédia, les shebab sont «l'une des deux grandes organisations islamistes somaliennes, avec le Hizbul Islam (ou Hezb al-Islamiya) du cheikh Hassan Dahir Aweys. En 2009, le groupe se déclare en guerre contre le gouvernement du nouveau président somalien Sharif Ahmed, issu de la tendance plus modérée des Tribunaux islamiques. Après son succès initial, le groupe contrôlait une partie du pays en 2008 avant d'être obligé de se replier en 2011 face aux offensives de l'armée somalienne appuyée par l'Union africaine. En septembre 2013, on estime que la mouvance comptait environ 5000 combattants dans ses rangs. Ces forces sont cependant divisées en plusieurs factions rivales. Outre les ambitions personnelles, les partisans d'une révolution islamique mondiale divergent. Parmi les attentats les plus meurtriers citons les suivants. Le 14 avril 2013: des militants shebabs ont visé le principal tribunal de Mogadiscio, la capitale somalienne. Le raid suicide a fait 29 victimes civiles et 58 blessés. Le 22 septembre 2013: la tuerie du centre commercial Westgate. centre commercial à Nairobi, la capitale du Kenya, a fait au moins 68 morts civils.
Le 27 mars 2015: attentat de l'hôtel Makka al-Mukarama à Mogadiscio, il y aurait au moins une vingtaine de morts. Le 2 avril 2015 au Kenya: des éléments du groupe attaquent l'université de Garissa. Un bilan provisoire fait état d'au moins 147 morts. Le 25 octobre 2016 au Kenya: l'attentat vise une maison d'hôtes de Mandera, ville de l'extrême nord-est du pays provoquant l'effondrement d'une partie du bâtiment et faisant 15 morts. Le 14 octobre 2017 en Somalie: attaque au camion citerne piégé dans le centre de Mogadiscio. 300 morts (6).

Le vrai problème est d'ordre politique
Roland Marchal, chargé de recherche au Cnrs, professeur à Sciences Po, Paris, et spécialiste de la Somalie donne un point de vue autrement moins guerrier. Il déclare: «Il s'agit en fait d'une coalition qui regroupe quatre formations distinctes: d'abord, les djihadistes, somaliens ou étrangers, dont on a bien sûr beaucoup parlé, qui représentaient une force plutôt symbolique dans les années 90, et qui, après 2001, se sont organisés pour construire une véritable entité; deuxième groupe, une fraction de l'Islam politique somalien qui s'est radicalisée, surtout après 2001; troisième groupe, qui est numériquement important dans la coalition Shebab, ce sont tous les gens qui ont été pris par la guerre civile. On oublie en effet souvent que, par exemple, en 2006, l'Ethiopie intervient en Somalie appelée par un gouvernement dépourvu de légitimité, ce qui provoque parmi les Somaliens une réaction nationaliste forte. Beaucoup de Somaliens choisissent alors les Shebab parce qu'il les considèrent comme les plus efficaces pour combattre, les plus organisés etc. Ce qu'il faut remarquer, c'est qu'il existe une hétérogénéité idéologique et politique significative au sein des Shebab.» (7).
Pourtant, aucune politique occidentale n'a jamais cherché à prendre en compte cette diversité, et les Etats-Unis comme l'Europe ont toujours considéré les Shebab comme un groupe fondamentalement contrôlé par les djihadistes globaux. De ce fait, toute une partie de l'islamisme somalien a été isolée, labélisée comme terroriste. Il y a des signes encourageants, et d'autres inquiétants. Parmi les signes encourageants, l'évolution des Shebab. C'est en effet une organisation qui n'a jamais cessé de se modifier depuis sa création - n'en déplaise aux Américains - et dont le débat idéologique interne aujourd'hui est extrêmement vif. Par rapport à toutes ces questions, la coalition occidentale ne se concentre que sur l'aspect humanitaire, quant au reste elle envoie ses drones et ses Forces spéciales. C'est une vision militaire sans réelle stratégie politique à long terme. Or, on sait très bien que, comme en Afghanistan par exemple, la solution pour la Somalie, si elle comporte un aspect militaire, est d'abord et avant tout politique, et doit prendre en compte toutes les sensibilités, y compris Shebab.» (7)
Que reste -t-il de la Somalie? Des milliers de Somaliens sont contraints de fuir leurs maisons, les violences entre les forces gouvernementales et les groupes d'opposition Al-Shebab sont quotidiennes. Est-ce à dire que la guerre en Somalie est aussi une guerre pour le pétrole? Qui ravitaille en armes les shebab et avec quel argent? Faut-il comme en Afghanistan ostraciser les shebab comme les taliban et avoir un pays devenu zone grise?
Il y a des gens qui y vivent qui aspirent à la paix. L'ONU qui devrait être la conscience des peuples est aux abonnés absents. L'Union africaine est partie par manque de moyens et de financements. Ne restent que les shebab entre eux avec un gouvernement sans réelle assise. Nous voilà dans les mêmes conditions que le Darfour avec toujours les mêmes luttes sourdes et comme victimes les faibles. Voilà donc un peuple qui souffre en silence avec la complicité internationale des gouvernants et même des médias. Non, ce monde n'est pas juste et les pays occidentaux «donneurs de leçons» devraient ré-étalonner les droits de l'homme occidental pour les rendre...universels.

1.http://www.lexpressiondz.com/chroniques/analyses_du_professeur_chitour/66715-un-peuple-martyr-oublie.html
2. 2.Somalie: Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre
3.http://www.lemonde.fr/idees/article/2017/02/22/somalie-les-defis-de-farmajo_5083463_3232.html
4.Bruno Meyerfeld http://www.lemonde.fr/afrique/article/2017/10/16/a-mogadiscio-un-attentat-meurtrier-met-fin-au-printemps-somalien_5201382_3212.html
5..https://www.challenges.fr/monde/afrique/attentat-a-mogadiscio-qui-sont-les-djihadistes-shebab-qui-sement-la-terreur-en-afrique_506672
6.https://fr.wikipedia.org/wiki/Harakat_al-Shabab_al-Mujahedin
7.http://www.lemondedesreligions.fr/actualite/la-solution-pour-la-somalie-est-d-abord-politique-16-08-2011-1773_118.php.

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