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9 avril 2014

L'ethnocide rwandais, vingt ans après.

Rwanda

Par Karim MOHSEN - Mardi 08 Avril 2014 -

Le Rwanda commémore depuis hier, et pour 100 jours, les terribles massacres qui ensanglantèrent le pays entre avril et juillet 1994. Un génocide des temps modernes, sous le regard impavide d'un monde insensible et de l'impuissance des Nations unies. En effet, cet ethnocide est d'autant plus cruel et troublant qu'il s'est réalisé au vu et au su de tous, sans que l'ONU, dont des soldats étaient présents au pays, puisse agir. La France, singulièrement, y menait même une «Opération Turquoise» qui n'a su ni prendre les mesures qui s'imposaient, ni influer sur les évènements qui allaient endeuiller un pays dont le quart de la population allait être décimé. Dans son allocution de dimanche, ouvrant les cérémonies de commémoration, le président rwandais, Paul Kagame, a eu des mots très durs envers la France, l'accusant d'avoir «participé» activement aux massacres qui ont fait 800.000 morts au Rwanda en 1994. Cela provoqua le courroux de Paris qui annula «ipso-facto» sa participation aux cérémonies, avant de revenir dans la soirée de dimanche sur cette décision par une participation symbolique au plus bas niveau. Ce que Kigali n'accepta pas. Cet échange d'amabilités peu amènes ne change rien au fait que le monde, impuissant, a laissé assassiner des milliers de personnes. Ce que, accablé, avait souligné en début de semaine le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, qui rappela que «l'échelle de brutalité au Rwanda continue de choquer: une moyenne de 10.000 morts par jour, chaque jour durant trois mois». C'est en effet, terrifiant! Et cela sans que personne n'intervienne pour la simple raison que le droit international ne répond pas, du moins ne répond plus tel qu'il est conçu, aux besoins et demandes de populations outragées. Surtout quand des intérêts autrement plus cruciaux entrent en jeu. On le voit bien en Syrie, en Afghanistan, en Afrique où meurtres et assassinats contribuent à asseoir la domination des puissants, capables de passer outre le droit international pour neutraliser ou annihiler tout ce qui entrave ou pourrait entraver leur suprématie. L'ethnocide rwandais illustre en grandeur nature un dessein de prépondérance où le droit international n'a ni sa place, ni les moyens de s'éprouver. Les Etats-Unis en donnent la preuve qui ont détruit la contexture du Moyen-Orient par leurs interventions ciblées, sans que le droit international puisse intervenir d'aucune façon. En Afrique c'est encore pire quand ce sont les anciennes puissances coloniales qui interfèrent pour la protection de leurs immenses intérêts. Les anciennes colonies restent les «arrière-cours» des anciennes puissances coloniales et, singulièrement, de la France qui a su comment en user pour conforter et renforcer son aptitude de puissance mondiale. Sans cette «arrière-cour», ce «pré carré» africain, la France n'aurait pas été, ne saurait être, ce qu'elle est aujourd'hui: une grande puissance qui donne le «la» aux événements dans le monde (cf; son soutien diplomatique et autre à la rébellion contre le régime d'un Etat souverain, la Syrie). Ses interventions militaires dans ses anciennes colonies - au Tchad, en Centrafrique, en RD du Congo, en Côte d'Ivoire, ou encore au Mali - ont marqué et marquent la volonté de la France de maintenir sous sa dépendance - militaire et économique notamment - des pays qui lui donnent et justifient sa dimension internationale qui, sans ces appropriations, n'aurait pas eu de sens. Et c'est en tant que «grande puissance» que la France a perpétré et accompli ses basses oeuvres en Afrique. Ce qui donne tout son effet à la déclaration de la chef de la diplomatie du Rwanda, Louise Mushikiwabo, qui indiquait dimanche, qu'elle (la France) doit «regarder la vérité en face (...) son rôle dans le génocide de 1994 au Rwanda». Or, relève-t-elle, «la France continue de nier son implication pourtant affirmée par nombre d'historiens qui pointent la complicité et le soutien au régime qui a planifié et exécuté le génocide tutsi». En effet, la France oublie (très) facilement les méfaits et massacres dans lesquels ses armées ont été, sont, impliquées (cf; la politique de la terre brûlée en Algérie entre 1830 et 1865, les massacres de Sétif le 5 mai 1945, la répression sous toutes ses formes). Cependant, l'ethnocide rwandais est en fait le résultat le plus visible de la division des pays, des ethnies, des familles africains par la colonisation, instaurant les conditions qui permirent de telles atrocités. Quoi que Paris puisse dire, la France officielle porte l'entière responsabilité des horreurs qui ont marqué la colonisation de l'Afrique dont le summum de la terreur a été atteint un jour d'avril 1994 au Rwanda.

Source : http://www.lexpressiondz.com/edito/192533-l-ethnocide-rwandais-vingt-ans-apres.html

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